Pourquoi me regarder ainsi
Je phrase votre envie
Pour éditer belle phrase à votre vue
Qui désire se déshabiller
Nue
Oui elle veut être nue
Dépouillée, dégarnie, dévêtue
Elle l’humble, la simple
Sans habit d’apparat
Car c’est en tout point son embarras
Plus de point qui lui tienne d’embonpoint
Laissée seule
Dans sa prison de points
Qui la coupe de tout autre
La précédente, la suivante
Oh les pauvres
Nous n’avons jamais
De lien entre nous
Nous sommes des étrangères
Entre nous
Nous ne nous connaîtront jamais
Entre nous
Et nous vivons dans le même texte
Entre nous
Aussi vous qui lisez ce texte ci
Qui le caressez
Qui l’absorbez
Avez-vous besoin de voir ce point
Ne pourrait-on pas l’épiler
Un texte imberbe de point
Un point ce n’est pas joli
La pédicure enlève tous les points
Alors nue
Elle put mieux vous plaire
Vous vous exclamez
Que nenni !
Car c’est la première chose
Qu’ils osent me mettre
Pour me saper
Cravate de bourges
Pour que chacun s’exclame
A ma vue
Enlevez-moi cela
Je serai la plus simple
Phrase de la rue
Et vous, savez-vous
Que mes oh, mes ah
Sont exclamations
Ah un point !
Les voir en ai-je besoin
Pour vous les dénoncer
On les voit à l’œil nu
Ou alors vous avez la berlue
Etes-vous pauvre à ce pont
Comme Lulu
Je m’interroge
Pourquoi mettre
A mon pied
Ce crochet mal en point
Pour vous mon pronom
Je le mets après le verbe
Que vous faut-il de plus
Je m’interroge
Vous n’avez pas trouvé la parade
Pour me supprimer
Avec votre crochet
Alors vous l’avez laissé
Là, déjà prêt
A m’habiller sans autre forme
Et me faire parader
Avant le jour où vous organiserez
Conservateur mon exécution
Merci mais je vous l’ai dit
Je veux être nue
Je vous interroge encore et encore
Avez-vous compris
Je veux être nue
Libérez-moi de ces impuretés
Mon strip-tease c’est ma revue
Aux folies de vos yeux
Qui dans leur passion suent
Sans effort
Pour que mon corps soit lu
Vous ne commettez pas de bévue
Alors encor, ôtez-moi ces verrues
¤
Là vous exagérez
M’en mettre trois
Simplement au fait
De ne savoir m’achever
Allons, allons vous voilà
Menteurs désagréables
Un point déjà vous attribut
L’image de l’orgueil
La dentelle en surplus
Je n’en peux plus
Faire croire la fin
Quand on ne la voit pas
Alors pardon
Quand comprendrez-vous
Que je veux être nue
Allez messieurs ne tournez pas
La tête de coté
Ne laissez pas dire
Que vous devez encore
Réfléchir à quelle suite
Vous devrez m’achever
Je vois vos yeux briller
Du désir d’une phrase nue
Cela vous n’avez jamais su
L’entreprendre et ni même
Un jour vu
La prochaine fois n’hésitez pas
Un point c’est tout
Alors je vous le promets
Nue elle sera ma phrase des rues
Vos yeux feront l’effort
De la caresser avec attention
De la câliner à chaque coin
De sa rue pour y voir
Ses formes détendues
Vous faire découvrir le su
De sa cambrure, de sa longueur charnue
Chérissez là, palpez là
Jusqu‘au fond de sa vertu
En délaissant ce point têtu
O belle phrase vierge de point
Ta chasteté peut se promener
Dans la rue sans issue
Tu pourras t’échapper à l’insu
De tes détracteurs imbus
Dans une recomposition de sangsue
S’accrochant aux autres, libérées du confus
De leurs verrues
Et enfin nue
Il sera jour où je vous plu.
☼ƑƇ