Ils se vont, ils se vont
Ils dansent tous sur le pont
Qui traverse sans pardon
La vallée des moribonds
Ils ne sont plus là, Toinette et Léon
J’ai rangé ma mémoire
Au fond de mon placard
J’attends de traverser ce couloir
Qui ouvre votre histoire
Elle se cache dans mon grimoire
Là où mes mots sans gloire
Se repose dans le noir
Ils se tachent de poussière
Se salissent de la matière
De votre indifférence d’hier
Quand le poète a poli la pierre
Trésor de son mystère
Dont il ne fit prière
Pour vous la partager sincère
Les feuilles que le temps teint
Jaune des illusions d’une main
Qui a correspondu avec entrain
Au secret d’une âme dans son jardin
Pleure une encre sur son dernier matin
S’effacent ses pétales d’airain
Se meurt son destin
Et les feuilles comme un chacun
Enterre leur défunt
Ne revenez plus demain
L’oubli n’a pasde parrain
Il est trop tard, plus de stèle
La pauvresse de sa vie s’attelle
Dans la poussière qui se rebelle
Ses mots, ses mots dit t’elle
Vous pouviez enjamber la passerelle
Pour les rejoindre sur l’autel
Où le sacrifice se fait sans compte d’agnel
Quand le poète se dévoile au rituel
De votre lecture d’un inconnu du ciel
Voyageant sans passeport des officiels
Sur les plaines du temps éternel.
☼ƑƇ